Thứ Ba, 23 tháng 9, 2014

La plus grande cruche d’alcool au Vietnam

Une cruche éléphantesque remplie de 2.500 litres d’alcool préparé à partir de 4 tonnes de maïs et 200 kg de ferment végétal fait la fierté des habitants du district de Na Hang, province de Tuyên Quang. Visite guidée.
Quatre tonnes de maïs et 200 kg de ferment végétal ont été utilisés pour fabriquer cette eau-de-vie typique de la province montagneuse de Tuyên Quang. 

Photo : CTV/CVN

L’alcool de maïs de Na Hang est une eau-de-vie typique de la province montagneuse de Tuyên Quang, au Nord. Une gorgée suffit à celui qui le déguste, professionnel ou non, pour sentir les fragrances agréables du vin, la saveur pénétrante des liqueurs, et les arômes naturels des sous-bois.

Un alcool tellement renommé qu’à l’approche du Têt, les amateurs affluent dans cette haute contrée pour se procurer quelques flasques, pour eux-mêmes ou en cadeau pour leurs amis et proches.

Introuvable ailleurs, cette spécialité de Na Hang doit sa particularité à ses ingrédients : un maïs de qualité et un ferment préparé à partir de 20 espèces de plantes médicinales. Et aussi à un processus de production spécial, en plusieurs étapes : préparation du ferment, cuisson du maïs à grand feu, mélange du maïs et du ferment spécial, fermentation un mois durant réalisée dans des vases ou cruches et, enfin, distillation de l’alcool.

La légende du mont Éléphant-Alcool 


Selon les autochtones de Na Hang, l’originalité de l’acool de maïs local est liée à l’histoire du mont Éléphant (nui voi en vietnamien), le point culminant de la région. Vu de loin, ce mont fait penser à un éléphant se tenant debout à côté d’une cruche d’alcool. Aux dires de Hoàng Van Nha, un vieillard local, le mont Éléphant évoque une légende héroïque. L’histoire se passe il y a fort longtemps, dans la forêt de Pac Ta, à Na Hang, peuplée alors de nombreuses espèces d’animaux féroces dont l’éléphant que les habitants cherchaient à apprivoiser pour en faire une bête de somme. Une année, le pays fit face à une invasion étrangère.

Toutes les forces disponibles furent alors mobilisées pour le front, dont la troupe d’éléphants du village de Na Hang. Dans cette troupe domestiquée, un grand mâle (considéré comme le chef de fil) n’avait rien perdu de sa férocité, à tel point que personne ne pouvait le monter. Puisque le danger venait frapper aux portes du village, un cornac - aussi audacieux qu’imaginatif - se chargea de l’apprivoiser de nouveau. Tout d’abord, il fit construire des barrages sur tous les ruisseaux de la région, créant ainsi une «ceinture sèche» autour de l’habitat de l’éléphant. Trois jours après, il vint verser de l’alcool dans une cavité rocheuse au sein de la «ceinture sèche», sur laquelle se rua la bête, assoiffée. Et ainsi de suite dix jours durant.

L’éléphant, s’accoutumant de plus en plus à l’alcool (en lieu et place de l’eau) mais aussi à la présence du cornac, se laissa - sous les effets de l’éthanol - monter et obéit à ses ordres. Surnommé désormais «Éléphant-Alcool», la bête amadouée partit au front en tant que chef de fil de la troupe, ce qui permit de bouter l’agresseur par-delà les frontières. Après la victoire, l’Éléphant-Alcool fut anobli par le roi qui lui donna le titre de «Duc- Éléphant» avant d’organiser un immense festin où l’alcool coula à flots en l’honneur de son armée triomphante.


D’une pierre deux coups 

L’occasion pour l’«Éléphant-Alcool» d’étancher sa soif avec son eau-de-vie préférée. Il but et but, vidant une cruche, puis une autre, jusqu’à passer l’arme à gauche. L’Éléphant-Alcool mourut en position debout, dans sa posture vaillante d’un combattant au front. Cette nuit-là, il plut à verse, comme si le Ciel eut voulu exprimer son infini chagrin pour le décès de ce héros national. Le lendemain, aux premières lueurs de l’aube, apparut au vu et au su de tout le monde un éléphant pétrifié avec devant lui une grosse cruche d’alcool. Ainsi était né le mont Éléphant...
La cruche contient 2.500 litres d’alcool. Photo : CTV/CVN

L’idée de fabriquer une cruche d’alcool colossale a germé et été concrétisée en 2009, à l’initiative des autorités locales qui ont voulu, à travers cette image, faire valoir la qualité exceptionnelle de l’alcool de maïs de Na Hang, et la tradition d’un métier local, qui fait vivre une centaine de foyers. De plus, «c’est une pierre deux coups, dans la mesure où cet objet symbolique a contribué à promouvoir le tourisme à Na Hang»,explique le chef du Service de la culture, des sports et du tourisme, Lôc Minh Tâm.

La cruche d’alcool de Na Hang étonne les touristes par ses mensurations. Jugez plutôt : 2,9 m de hauteur, 2 m de diamètre au plus large, 1,3 m à la base et 0,93 m à l’ouverture. Pesant 2.850 kg, elle est constituée, entre autres, de 834 kg de ciment, 311 kg d’acier, 60,5 kg de kaolin, 60,5 kg de plâtre et 60,5 kg de mélasse.

Agrémentée à son col rétrici de deux anses, elle arbore sur son corps des motifs stylisés, décrivant des paysages locaux : mont Éléphant, maisons sur pilotis, centrale hydraulique de Tuyên Quang, femmes broyant du riz au pilon, hommes jouant du khèn(flûte des ethnies minoritaires du Nord), danseurs au tambour... «Le groupe d’ingénieurs et d’ouvriers a consacré deux mois pleins à sa construction», révèle Lôc Minh Tân. Et de préciser que la cruche contient 2.500 litres d’alcool préparés à partir de 4 tonnes de maïs et 200 kg de ferment végétal. «Notre alcool a une saveur typique et sa couleur, neutre, est d’une limpidité parfaite. Car, outre un maïs de qualité et un ferment spécial, il est et doit être distillé avec de l’eau de ruisseau de Na Hang».

Appellation d’origine pour l’alcool de Na Hang


Inscrite en 2010 dans le Livre des records du Vietnam, cette gigantesque cruche d’alcool est exposée sur la place d’honneur de la Maison des hôtes de Na Hang. Fin 2011, le Service de la propriété intellectuelle du ministère des Sciences et des Technologies a délivré l’appellation d’origine «Alcool de maïs au ferment végétal de Na Hang».

Le triple mariage chez les Khùa


Chez les Khùa, une ethnie minoritaire du Centre du Vietnam, le mariage n’est pas une mince affaire. Il faut en effet trois cérémonies pour officialiser l’union, espacées parfois de... dix ans.
Chez les Khùa (autres noms : Bru, Vân Kiêu, Mang Cong), un couple se doit d’organiser trois cérémonies de noce. La première officialise la vie sous le même toit de la femme et l’homme. Après un certain temps (des années !), le couple organise deux autres cérémonies. Et ce n’est qu’à ce moment que le couple est considéré comme marié.
Le rituel Bat dâu, première cérémonie de noce chez les Khùa. Photo : Net/CVN

Y Leng, commune de Dân Hoa, district de Minh Hoa, province de Quang Binh, est un beau village traditionnel aux maisons sur pilotis. Ses habitants, tous d’ethnie Khùa, vouent un attachement particulier à la vie conjugale, qui se doit d’être parfaite, sans heurts, comme un long fleuve tranquille. Hô Thoong, 62 ans, a traversé les trois cérémonies de noce. Lui et sa femme vivent ensemble depuis plus de 40 ans et ont toujours beaucoup d’affection l’un pour l’autre.
Attachement conjugal 

Comme Hô Thoong, tous les couples du village d’Y Leng ont suivi l’incontournable mariage à trois étapes. Attention, quiconque serait tenté de «faire plus court» recevrait les remontrances de la communauté.

La triple cérémonie de noce est une des particularités culturelles dont tous les villageois sont fiers, et donc pas question de passer outre. On la considère comme l’occasion de resserrer les liens conjugaux à des intervalles réguliers! Pas un départ à zéro, mais presque.
Chez les Khùa, le bonheur conjugal n’est pas un vain mot. Photo : TH/CVN

Le Bat dâu est la première des cérémonies. La nuit précédente, le marié accompagné de ses proches se rend chez la famille de la mariée à la lueur de torches. Les vieux Khùa considèrent que l’objectif est d’exprimer la sincérité de la famille du marié, son souhait d’une vie conjugale parfaite. Puis le marié et ses proches entrent dans le logis de la famille de la mariée, allument de petits feux autour d’elle, boivent jusqu’à plus soif du ruou cân (alcool de riz siroté une tige de bambou creuse) et discutent jusqu’à l’aube! Au début de la journée, le Bat dâu débute. Deux femmes proches du marié pénètrent dans la maison de la mariée. Trente minutes après, celle-ci sort et agite les mains en signe d’approbation. Sa dot se compose d’un bracelet et d’un collier en argent, d’une tenue fabriquée par sa mère.

Trois cérémonies pour le prix d’une
Chez les Khùa, le bonheur conjugal n’est pas un vain mot. Photo : TH/CVN

«Dans mon village, les jeunes filles et hommes sont libres de se choisir. Il n’y a pas de mariage forcé. Une fois que les deux familles ont accepté l’union, la première cérémonie de noces est organisée. Les présents, préparés par la famille du marié, comprennent quatre bols de riz, deux bijoux, quatre coqs, un cochon. Le couple commence alors sa période de vie en commun. Dix ans plus tard, la famille du marié rencontre de nouveau celle de la mariée, qui reçoit deux cochons et 24 coqs comme cadeaux de mariage. À l’occasion de cette seconde cérémonie, les voisins sont invités. Enfin, la 3e cérémonie a lieu cinq à sept ans plus tard. Les présents sont un cochon, un buffle et six coqs. Les invités sont les membres et proches de la famille de la mariée, ses voisins», explique M. Thoong.

Un homme Khùa est reconnu marié qu’après avoir traversé ces trois cérémonies. Lui et sa femme sont alors considérés comme un couple au vrai sens du terme. Si la femme décède avant l’homme, notamment avant la 3e cérémonie, de nombreuses familles du marié décident néanmoins de l’organiser. Cela signifie que l’homme est toujours attaché à sa femme, au-delà la mort. L’organisation de cet évènement n’est pas un fardeau pour l’homme.

Hô Cui, 55 ans, est le patriarche du village : «La triple cérémonie de mariage existe depuis des générations chez les Khùa». Ce qui ne veut pas dire qu’elle n’évolue pas. D’après Hô Thoong, «certaines familles en situation de précarité ont du mal à assurer toutes ces festivités en raison de dépenses importantes, aussi les procédures sont-elles parfois allégées. Personne n’y trouve rien à redire, le principal étant de sceller une union».